Le 8 mai dernier, le gouvernement du Québec a déposé un projet de loi visant à instaurer la responsabilité collective et l’imputabilité des médecins quant à l’amélioration de l’accès aux services médicaux. En d’autres mots, le ministre de la Santé veut faire porter le blâme d’un système qui s’écroule uniquement sur le dos des médecins.
Dans ce contexte hautement médiatique, où circule malheureusement beaucoup de désinformation, il nous apparaît opportun de mettre en lumière les circonstances dans lesquelles les médecins de famille du Kamouraska sont appelés à œuvrer.
Bien qu’on puisse parfois s’imaginer que le travail d’un médecin de famille se limite à rencontrer des patients à son bureau, cela ne représente en fait qu’une partie du travail qu’ils ont à accomplir.
En effet, au Kamouraska, ce sont les médecins de famille qui couvrent les gardes à l’urgence, à l’unité d’hospitalisation et de soins intensifs, en obstétrique, au CHSLD, aux soins intensifs à domicile, en santé publique, et qui agissent à titre de coroner, tout cela 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. À cela s’ajoutent les multiples comités médico-administratifs, les heures de réunions de gestion, les 50 heures minimales annuelles de formation continue obligatoires, les demandes de formulaires de toutes sortes à remplir, les renouvellements de médication, les rencontres ou discussions téléphoniques avec les familles ou autres intervenants, l’enseignement et la recherche clinique, etc.
Notre travail est aussi alourdi par le manque de ressources professionnelles dans le réseau de la santé. Les listes d’attentes au public en travail social, en psychologie, en psychoéducation ou en physiothérapie sont si longues que faire une référence en est presque dérisoire dans bien des cas. Il en est de même dans beaucoup de spécialités médicales et chirurgicales. Pendant ce temps, ce sont les médecins de famille qui doivent assurer le suivi de patients qui devraient être traités par d’autres professionnels, et qui n’obtiennent pas les soins appropriés.
Dans la région, les effectifs en médecins de famille sont actuellement à 75 % des besoins estimés pour le Kamouraska, et le recrutement de nouveaux médecins est rendu difficile en raison du dénigrement que subit la profession. La population est vieillissante comme partout ailleurs, et nécessite des soins de plus en plus complexes. Dans de telles conditions, demander aux médecins de famille d’en faire davantage sans leur offrir les ressources nécessaires revient à leur demander de couper dans la qualité des soins offerts, ce qui est inacceptable.
Il faut donc pouvoir miser sur une première ligne forte, qui ne repose pas uniquement sur les épaules des médecins. Nous invitons d’ailleurs les gens à utiliser les services à leur disposition, tels que le 811, et à consulter directement les autres professionnels de la santé lorsque leur situation s’y prête. De plus, nous souhaitons rappeler l’importance d’aviser à l’avance s’il est impossible de vous présenter à un rendez-vous, afin que celui-ci puisse être offert à une autre personne.
Malheureusement, s’il est adopté, ce projet de loi n’augmentera en rien l’accès des patients aux soins de santé, et le gouvernement en est sans doute bien conscient. Nous croyons qu’il s’agit plutôt d’une façon de détourner l’attention sur les médecins plutôt que sur les réels problèmes de gestion au sein du système de santé.
Les médecins de famille du Kamouraska, quant à eux, ont à cœur la santé de leur population, et ils continueront de se battre pour une offre de soins de santé pertinente, accessible et de proximité.
Vos médecins de famille
Dr Jean-Félix Laforest, Dre Marie-Ève O’Reilly-Fromentin, Dr Philippe Nobert, Dre Isabelle Pelletier, Dr Maxime Ouellet, Dre Pia St-Louis, Dre Dominique Lepage, Dre Josée Rousseau, Dre Catherine Gagnon, Dr Alexis Brien-Racicot, Dr Guillaume Lavoie, Dr Léa Goulet-McCarthy, Dre Alice Famelart, Dre Patricia Smyth, Dre Renée Roussel, Dre Ann-Crystine Thibault, Dr Gabriel Foucault, Dre Alexandra Thibault, Dr Claude Thériault, Dre Andrée-Anne Paradis, Dre Claudine Rancourt, Dre Catherine Gélinas, Dre Claudine Ouellet, Dr Pierre La Rochelle, Dr Denis Pelletier, Dr Mario Lebel